Le dégriffage

Comme médecin vétérinaire, il ne se passe pas une journée sans que le sujet délicat de l’onyxectomie (dégriffage) ne soit pas abordé avec nos clients. Pour des raisons propres à notre mode de vie nord-américain, le dégriffage est encore vu par bien des gens comme un «accommodement raisonnable» entre l’homme et le chat.

À la Clinique Vétérinaire Animavet Bromont nous sommes fiers de ne pas procéder à cette chirurgie. Nous ne voulons toutefois pas juger les gens qui demandent cette procédure, nous désirons plutôt les sensibiliser et leur expliquer ce qu’est vraiment cette procédure, et leur démontrer l’efficacité des alternatives.

Plusieurs pays et même certaines provinces canadiennes ont rendu cette chirurgie illégale à cause de la douleur infligée et des graves conséquences à long terme.

L’onyxectomie, ou dégriffage, est une intervention chirurgicale qui consiste à une amputation de la troisième phalange du doigt. Cette procédure n’est aucunement nécessaire d’un point de vu médical elle a été inventé pour répondre aux besoins des humains.

Peu importe la méthode chirurgicale ou l’instrument chirurgical utilisé (laser ou scalpel), le résultat et les conséquences pour l’animal sont les mêmes. Bien que les protocoles antidouleurs utilisés durant et après la chirurgie soient de plus en plus efficaces, on peut facilement comprendre qu’une telle amputation cause de la douleur qui peut parfois devenir chronique et entrainer des problèmes de comportement comme l’agressivité et la malpropreté.

Il fut un temps où les vétérinaires recommandaient aux propriétaires de faire dégriffer leur chats. Aujourd’hui nous savons que cette procédure cause plusieurs conséquences graves à l’animal.

Déviation des phalanges chez un chat dégriffé, causé par la contraction des tendons.
Ceci cause de la douleur à la marche.

 

Complications physiques

  • Infections post-chirurgicales;
  • Lésions neurologiques, parfois irréversibles, secondaires à une compression de certains nerfs lorsqu’un garot est utilisé lors de la chirurgie;
  • Déformation irréversibles des pattes qu’il manque un bout de chaque doigt;
  • Douleur sévère;
  • Douleur chronique à vie (douleurs fantômes) avec sensation de picotement aux extrémité des membres amputés. Il s’agit d’une inflammation des terminaisons nerveuses qui ont été sectionnées;
  • Tendinite causée par trop de tension aux tendons reliant le bras à deux phalanges au lieu de trois;
  • Affaiblissement progressif des pattes avant, de l’épaule et des muscles du dos avec altération de l’équilibre (surtout chez les vieux cat obèses);
  • Incapacité à se défendre en cas de besoin.

Complications psychosomatiques et comportementales

  • Privé de son principal moyen de défense, le chat peut devenir anxieux, stressé, malpropre ou agressif;
  • Obligé de modifier sa posture dans ses déplacements, il peut également cesser de jouer et réduire ses activités normales;
  • Malpropreté en développant une aversion pou sa litière à cause de la douleur de ses plaies qui s’accentue lorsqu’il gratte;
  • Commence à avoir recours aux morsures pour compenser la perte de ses griffes;
  • Agressivité;
  • Anxiété;
  • Les griffes du chat font partie intégrante de son anatomie et elles sont essentielles à sa mobilité et à sa survie;
  • Le dégriffage est une pratique contre-nature qui ne respecte pas l’animal dans son intégrité. Pas étonnant que les chats dégriffés soient disqualifiés lors des expositions;
  • Pour un chat, faire ses griffes est un comportement inné et normal, en plus d’être essentiel à sa santé;
  • Permet l’entretient des griffes en retirant la gaine extérieure usée;
  • Permet à l’animal de marquer son territoire de façon visuelle et olfactive (en déposant des phéromones sécrétées par des glandes sous ses pattes);
  • Permet au chat d’étirer ses muscles et sa colonne vertébrale, et de se détendre;
  • Le chat peut griffer pour le plaisir, pour s’amuser, pour provoquer et pour communiquer;
    C’est un rituel nécessaire pour maintenir son équilibre physique, émotionnel et mental;
    Il existe plusieurs alternatives efficaces au dégriffage;
  • Le dégriffage est une chirurgie irréversible et douloureuse pouvant conduire à des complications (physiques, émotionnelles et comportementales) graves et à des conséquences à vie;
  • Aucun propriétaire ne peut garantir que son chat, privé de ses défenses, ne s’échappera jamais de la maison, qu’il n’aura jamais besoin de chasser pour survivre et qu’il n’aura jamais à se défendre ou fuir un danger dans un milieu potentiellement hostile;
  • Aucun vétérinaire ne peut garantir que le dégriffage ne laissera aucune séquelle physique, ni douleur et qu’il n’affectera pas le caractère et le comportement du chat.

La ténectomie, qui consiste à sectionner les tendons du muscle fléchisseur, reliant les griffes au reste du bras (les griffes ne peuvent plus se rétracter) n’est pas recommandée par l’Association canadienne des médecins vétérinaires comme solution de remplacement à l’onyxectomie. Puisque le chat ne peut plus rétracter ses griffes, il faut qu’elles soient taillées par le propriétaire très régulièrement. Nous ne pratiquons pas non plus cette chirurgie à la Clinique Vétérinaire Animavet Bromont.

Il existe de nombreuses alternatives efficaces et qui permettent d’éviter à vitre animal de briser votre mobilier ou de blesser des gens.

1. Utilisation du griffoir

Il faut d’abord choisir un griffoir solide et stable, suffisamment long pour permettre à votre chat de s’étirer complètement et qui présente une texture intéressante pour votre compagnon (carton, corde, bois, tapis, etc.). Il faut ensuite l’installer à un endroit accessible, près d’où votre chat aime habituellement faire ses griffes (cadre de porte, divan, etc.). Une fois le griffoir parfait installé, utilisez des techniques de renforcement positif pour entrainer votre chat à l’utiliser. Vous pouvez le saupoudrer d’herbe à chat séchée, le vaporiser de phéromones, y installer un jouet ou un bout de ficelle pour y attirer votre chat. Prenez l’habitude de féliciter verbalement ou, encore mieux, avec des gâteries quand il utilise son griffoir. Le temps qu’il prenne le bon pli, rendez les autres endroits de la maison moins attirants en les couvrant de quelque chose ayant une texture déplaisante (papier collant double face, papier d’aluminium, papier à bulles, pellicule de plastique).

ASTUCES

Si votre chat a déjà démontré de l’intérêt pour le coin du divan ou un autre endroit qui vous dérange:

Nettoyez toutes les marques de griffades :

  • avec de l’eau chaude et du savon ;
  • pour éliminer tous les « marqueurs territoriaux » que votre chat a laissés sur les meubles à l’aide de ses pattes.

Rendez la surface utilisée (ex: divan) désagréable:

  • Installez sur le coin ou à la base du divan une toile de plastique, du papier d’aluminium ou du ruban à 2 côtés adhésifs, et ce, pour environ 10 jours, le temps qu’il adopte le griffoir que vous placerez à cet endroit. Sachez que la punition et les produits aversifs sont souvent inefficaces et peuvent causer des problèmes de comportement importants.

Au besoin, utilisez FELIWAY CLASSIC en complément:

  • Si vous n’observez aucune amélioration après 2 semaines d’utilisation, nous vous recommandons d’utiliser également FELIWAY CLASSIC.
  • Ce produit transmettra des « marqueurs de bien-être » à votre chat afin de le rassurer et de l’empêcher de faire ses griffes aux endroits inappropriés.

Suivez les « règles d’or » du griffoir :

  • Support vertical, robuste et suffisamment haut : 90 cm de haut (3 pieds).
  • Placé à proximité d’un endroit où votre chat à l’habitude de se reposer ou de faire ses griffes.
  • Au moins un griffoir pour chaque chat.
  • Indispensable : se faire les griffes est un besoin essentiel des chats!

Les conseils de l’Éduchateur pour une bonne utilisation du griffoir

Les phéromones de Feliway aide les chats à être moins stressés et anxieux ce qui réduit les problèmes de griffage et de pipi hors litière.

 

2. Taille régulière des griffes

 

Une des manières les plus simples de limiter les dommages que peuvent faire les griffes est de prendre l’habitude de les entretenir régulièrement, idéalement aux 2 à 3 semaines. La taille des griffes peut se faire à la maison ou en clinique vétérinaire.

Il est important d’avoir de la patience, mais aussi de savoir exactement comment procéder pour que ça se passe bien. Voici des lignes directrices pour rendre le processus facile.


Il faut désensibiliser votre chat à la procédure (se faire manipuler les pattes) et au matériel utilisé (un coupe-griffe). Allez-y doucement, laissez-le sentir le coupe-griffe, le toucher et récompensez-le. Ce processus doit être répété plusieurs fois pour que votre chat se sente en confiance.

Le choix du moment est fondamental. Votre chat cherche votre attention à certains moment de la journée, parfois même, il a envie de se faire dorloter. Il faut saisir cette opportunité.

Soyez préparé: Prévoyez des gâteries qu’il aime pour le récompenser régulièrement durant la procédure. Assurez-vous d’avoir assez de lumière pour bien voir l’endroit où couper.

Respectez son rythme et ne le forcez pas. Vous êtes mieux de ne couper que quelques griffes à la fois et que votre chat vous laisse faire pour longtemps que de couper toutes ses griffes une fois et qu’il ne se laisse plus manipuler.

 

Prenez rendez-vous avec notre équipe pour avoir une démonstration de la coupe des griffes

 

 

3. Pose des coupes-griffes


Une autre possibilité consiste à faire poser des couvre-griffes. Il s’agit de petits étuis de vinyle souple, conçus par des vétérinaires, qui peuvent être installés individuellement sur chaque griffe à l’aide d’une colle non toxique. Les couvre-griffes adhèrent pendant environ 4 à 6 semaines pour les chats adultes et 2 à 3 semaines pour les chatons. Il est toutefois important de ne pas laisser un chat qui en porte aller à l’extérieur, car il ne pourra pas se défendre ni grimper avec les couvre-griffes. Nous offrons le service de pose et pouvons vous montrer comment le faire vous-même.

Prenez rendez-vous avec notre équipe pour avoir une démonstration de l’installation des protecteurs de griffes

*** Pour consulter le texte original, c’est par [ici]!

Il y a 4 facteurs importants qui expliquent pourquoi les gens en faveur du dégriffage restent enracinés dans leur position.

— DANIEL FILLION, PRÉSIDENT, ÉDUCHATEUR INC

RAISON 1 : Parce qu’ils sont traités de tous les noms, il n’ont pas la chance de bien s’informer …

Les gens qui ont fait dégriffer leur chat vont souvent vous dire qu’ils ont eu des chats dégriffés toute leur vie et qu’aucun n’a jamais souffert de ces fameuses conséquences dont on leur parle! C’est ce qui s’appelle le biais cognitif de confirmation. Ils ne tiennent pas en compte du fait que leur échantillonnage est très mince, car la moyenne des gens vont n’avoir environ que 5 à 10 chats dans leur vie entière. C’est très peu pour faire des conclusions scientifiques. Mais surtout, ils ne conçoivent pas que leurs chats ont fort probablement réussi à leur cacher toute souffrance qui, par ailleurs, est apparue très graduellement et donc n’a pas pu être dénotée.

 

RAISON 2 : Parce qu’ils ont la preuve que les arguments amenés par les personnes qui sont contre le dégriffage sont fausses …

Les gens qui ont fait dégriffer leur chat vont souvent vous dire qu’ils ont eu des chats dégriffés toute leur vie et qu’aucun n’a jamais souffert de ces fameuses conséquences dont on leur parle! C’est ce qui s’appelle le biais cognitif de confirmation. Ils ne tiennent pas en compte du fait que leur échantillonnage est très mince, car la moyenne des gens vont n’avoir environ que 5 à 10 chats dans leur vie entière. C’est très peu pour faire des conclusions scientifiques. Mais surtout, ils ne conçoivent pas que leurs chats ont fort probablement réussi à leur cacher toute souffrance qui, par ailleurs, est apparue très graduellement et donc n’a pas pu être dénotée.

RAISON 3 : Parce que les alternatives n’ont pas fonctionné pour eux …

Certains vont vous dire que les fameuses alternatives au dégriffage n’ont pas fonctionné pour leur chat et qu’ils en sont réduits à l’ultime solution d’enlever les griffes de leur chat. Or, c’est un problème que nous voyons souvent avec les publications contre le dégriffage. Celles-ci se concentrent beaucoup trop souvent sur les conséquences néfastes sur la santé du chat pour tenter de faire réagir les gens émotivement et ne parlent que très rapidement des alternatives sans les détailler à la toute fin. Cela fait en sorte que les gens achètent un poteau à griffe qui tombe au premier coup de pattes, qui n’est pas assez haut et qui est placé dans un coin caché et sombre du salon parce qu’il nuit à la décoration. Si les publications concentraient uniquement leur message sur le fait qu’il faut un bon poteau à griffe solide, haut et placé là où le chat veut faire ses griffes, il y aurait beaucoup plus de gens qui aurait du succès avec ces alternatives et les adopteraient d’emblée plutôt que d’aller payer des centaines de dollars pour faire dégriffer leur chat.

 

Raison 4 : Parce qu’il est difficile d’accepter que nous ayons fait mal à nos chats du présent et du passé …

Mais dans le cas du dégriffage, l’aspect qui contribue le plus à retenir les gens dans leur position est le fait que s’ils changent de camp, cela veut nécessairement dire qu’ils doivent s’avouer avoir fait mal à leur chat par le passé en les amputant. Or, n’oubliez pas que ces gens sont très majoritairement de bonnes personnes, amoureuses de tous les chats qu’ils ont eus dans leur vie et qui ont simplement été mal informés. La culpabilité qui accompagne cette réalisation qu’ils ont peut-être fait souffrir un animal qu’ils aimaient tant est souvent trop difficile à supporter et ils vont préférer éviter de négocier avec ce sentiment désagréable en restant camper dans leur position que le dégriffage est Ok. Encore ici, ils sont souvent encouragés par l’entourage et les groupes qui pensent comme eux.

 

Si vous désirez parler de dégriffage avec une personne qui croit profondément que c’est une pratique acceptable c’est possible, mais il y a des règles à respecter afin que la discussion porte fruit et qu’elle ne se transforme pas en guerre.

Tant mieux si la personne avec qui vous discutez en vient à conclure que le dégriffage est une procédure à bannir, mais le but ultime de la discussion doit être de lui faire entammer une réflexion et qu’ultérieurement elle change d’idée.

 

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Ne jamais diaboliser, culpabiliser, remettre en doute l’amour d’une personne pour ses chats et ne jamais jouer la carte éthique

— DANIEL FILLION, PRÉSIDENT, ÉDUCHATEUR INC

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Parce que beaucoup de gens ne savent pas que c’est une amputation des doigts du chat à la troisième phalange, vous pouvez les informer de ce fait. Vous pouvez utiliser la fameuse image que c’est comme si on coupait nos doigts à la 3e phalange, mais de grâce, n’allez pas ajouter de sensationnalisme à cette image en mentionnant les doigts de vos enfants ou en ajoutant du sang à cette image

— DANIEL FILLION, PRÉSIDENT, ÉDUCHATEUR INC

 

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Ne parlez uniquement que des alternatives. Ne vous perdez pas dans les conséquences qui mènent souvent à des débats. Lorsque vous parlez des alternatives, il est important de mentionner que si celles-ci ont déjà été essayées et que celles-ci ont échoué, c’est probablement parce qu’elles avaient été mal appliquées comme c’est souvent le cas

— DANIEL FILLION, PRÉSIDENT, ÉDUCHATEUR INC

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Si vous avez déjà eu un chat dégriffé, vous pouvez le mentionner à la personne avec laquelle vous discutez. Exprimez-lui ce qui vous a fait changer d’idée, discutez de votre expérience…

«[…] la douleur et l’inconfort qui persiste après un dégriffage comptent parmi les facteurs de risque important associés à un changement de comportement chez l’animal, comme le recours à la morsure, l’agressivité, le toilettage excessif ou la malpropreté. Ces comportement poussent souvent les gens à abandonner leur chat dans les refuges.»

«[Le dégriffage] cause de la douleur aigüe et chronique et empêche l’expression de comportements naturels chez le chat en le restreignant dans leurs mouvements. […] médicalement, cette procédure est non nécessaire et c’est pourquoi la majorité des pays occidentaux l’ont interdite à titre de cruauté animale.»

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